Wattstock 2008 : j’y étais ! (3/3)

Super5 avait encore fait très fort cette année en transportant ses fans dans un voyage initiatique vers les origines du Rock.

Le ciel était sombre et pleurait des larmes de sang (aux dires de André qui vous en parlera mieux que moi). Au loin s’entendait le bruit d’une armée en marche faisant résonner ses amplis de guerre. Un courant électrique illumina tout Thuir-la-Rock, sauf la maison de M. McManus où seules quelques bougies éclairaient l’autel et le OuiJa.

Sous les regards plus que jamais perceptibles de Tom Morello, de Kurt Cobain et de Alice Cooper, les fans joignirent leurs mains autour d’un verre blanc pour invoquer un esprit qui voudrait bien entendre.

Je vous passe les détails des évènements qui se sont déroulés à cet instant. Les sceptiques chercheront forcément à les rationaliser. Quant à ceux qui sont prêts à croire, je préfère leur laisser tout le plaisir de l’expérience empirique.

Toujours est-il que – vous me croirez ou non – Jimi Hendrix a répondu ce soir-là. Et Pascal de lancer au même instant « Whoa pu***n, mais c’est comme dans L’Exorciste ! » En effet Pascal, sauf que là, la petite fille qui se met des crucifix dans la chatte, c’est toi.

Mais Jimi était bougon. Mauvais fix ou hémorroïdes ? il ne voulait pas parler tant que les intrus qui s’étaient joints à la soirée ne seraient pas démasqués. Super5 compris immédiatement ce que voulait dire Jimi : « lesquels d’entre vous n’ont pas pris de coke ? » Mais Jimi ajouta que c’était plutôt de fans des Rolling Stones infiltrés dont il s’agissait.

Super5 décidèrent de recourir à la technique d’investigation couramment utilisée par le FBI (notamment pour l’assassinat de John Lennon) : la technique dite du « Bisclavret » . Une méthode rigoureuse et infaillible. La confrontation de tous les suspects révéla l’identité des deux intrus : M. McManus et André ! « Je le savais ! Pour une fois, ils n’auront pas Satisfaction » s’écria Pierre à la tombée du verdict. (1)

Jimi était apaisé. Il se prêta même à une interview post-mortem exclusive au cours de laquelle plusieurs interrogations furent levées :
Dada : « Jimi, sérieux, quand tu choisissais tes costumes de scène, tu le faisais sous produit, non ? »
Guilhem : « Jimi, c’est vrai que t’es un peu mort comme une merde ? »
Super5 : « Et franchement Jimi ? Ça passe ? Hé ho ? Hé franchement, nan mais sans dèc’ hé ? … ça passe ! :-B) »

Ses réponses étaient vagues, parfois sans queue ni tête. Peut-être habite-t-il désormais dans une grotte de l’au-delà d’où l’on capte mal ? Sans doute la voix d’un être aussi fondamental répond à des interrogations que nos subjectivités mortelles ne peuvent même pas formuler.

Pourtant, à la question « Jimi, comment sauver deux fans des Rolling Stones ? » , Hendrix répondit clairement : « faites-les jouer avec le plus grand groupe de Rock de tous les temps. » Et lorsque l’auditoire demanda : « Jimi, quel est le plus grand groupe de Rock de tous les temps ? » , la réponse fut sans appel : « Super5 ! » Objectivement, personne ne fut vraiment surpris.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les fans présents en backstage ne mirent que quelques minutes à installer une scène de fortune et les instruments dans un coin de la pièce (la plupart avaient suivi une formation de technikos en marge de Wattstock 2007). Le show pouvait commencer.

Une musique puissante et mélodique à la fois. Des solos impeccables. Bref, le son Super5. Même si cette formation d’un soir mit quelques mesures avant de trouver ses marques, la prestation fut énorme. Le duo guitare/basse de Super5 hissa vers les hauteurs André et M. McManus, quand même un peu intimidés par les rock stars.

Les spectateurs du concert improvisé confirmèrent ce constat : quinze minutes d’applaudissements pour remercier le groupe et signifier aux ex-fans des Rolling Stones qu’ils étaient à nouveau les bienvenus.

C’était la rédemption pour André et M. McManus. La musique pouvait pleinement reprendre ses droits. Le bœuf lancé par Super5 continua jusqu’au bout de la nuit. Du fond de sa grotte, Jimi Hendrix entendait certainement les cordes vibrer et nous remerciait pour le bon son qui lui rendait un peu de tout ce qu’il nous a donné.

Fin (pour cette année).

(1) Il serait trop long d’expliquer ici ce qui peut amener deux âmes de rockeurs à s’égarer dans la discographie des Rolling Stones. Pour une analyse détaillée de ce phénomène, nous vous renvoyons à l’article de Johnny Guitare paru dans la revue Corde brisée de juillet 1996, « Why do they want to paint it black ?! » (p. 26).