On the road with Super5

Dans son numéro d’octobre, RockGod publie en page 5 une longue interview de Super5 par Handsome Dan, intitulée « On the road with Super5 ». Les responsables de ce (très bon) magazine nous ont autorisé à la reproduire ici dans son intégralité. Qu’ils en soient remerciés.

Même avec dix-sept ans de journalisme musical au compteur, un entretien avec Super5 reste exceptionnel. Pas que le groupe fuit les journalistes, mais Super5 est une bête de scène, sans cesse en tournée. Difficile de les capter donc.

Trois mois après la déferlante Wattstock et la sortie en DVD de leurs clips réalisés par les plus grands cinéastes (Galette des Rois chez Vanderhoff Edition), cette rencontre était l’occasion de faire le point avec le groupe : le futur de Wattstock, leur prétendue fin de contrat avec Vanderhoff Production, ou encore le fameux documentaire éternellement repoussé. Surtout, une discussion avec Super5, c’est l’occasion de parler du Rock.

Rendez-vous était pris mi-octobre au ScummBar, le fief du groupe. Me préparant à les rencontrer autour d’une pinte, quelle ne fût pas ma surprise de les voir débarquer au volant de leur Super5 et me proposer de faire l’interview… depuis la banquette arrière. Me voilà donc on the road avec le groupe de légende.

Tout d’abord Super5, merci d’avoir accepter notre invitation.
— Le magazine RockGod, ça ne se refuse pas.
— Ouais, et désolé pour la ceinture. C’est Popa Chubby qui l’a pétée.
— On fait l’interview dans la caisse parce qu’on doit tracer chez Cassels Music Store : ils ont reçu une Washburn G-23V authentique de 1989.

Ça ira.
Remis de Wattstock 2009 ?

— Yep ! :-B)
— Encore un peu mal aux yeux mais ça va.

Après un tel succès, qu’est-ce que vous nous mijotez pour 2010 ? Parce que pour faire aussi bien, il faut en avoir quand même.
— Clair. Mais c’est encore un peu tôt pour en parler. Comme t’as pu le remarquer, il y a souvent pas mal d’imprévus pour Wattstock. On en discutait l’autre fois avec Jon Spencer et on se disait que ce serait peut-être carrément plus simple de ne rien prévoir à l’avance. Laisser le Rock s’exprimer.
— Une sorte d’impro totale, tu vois ?

Est-ce qu’il faut aussi voir là-dedans les tensions entre vous et Vanderhoff Production, tensions qui pourraient à terme remettre en cause l’existence de Wattstock ? [ndlr : suite aux imprévus lors de Wattstock 2009 et de la sortie du DVD Galette des Rois, les rumeurs vont croissantes sur un clash entre Super5 et Vanderhoff, producteur de Wattstock et du groupe de légende]
— C’est clair qu’il était vénèr le Vanpopof ! [rire]
— Il nous a sorti le grand jeu : avocats et compagnie. Mais quand il a vu les ventes de Galette des Rois, il est redevenu mignon.
— Après, tkt pour Wattstock. Au pire, ça se fera sans Vanderhoff et son pognon. … Merde, c’est pas la bonne route ! [la Super5 s’engage dans un dérapage contrôlé à 180° en plein centre-ville]

Déjà lors de la parution de votre premier album posthume en 1996, Sortis de la tombe, vous mettiez clairement les pieds dans le plat sur ce qu’était l’industrie du disque. Aujourd’hui, il est question d’un album « postposthume ». Vous ne pensez pas scier la branche sur laquelle vous êtes assis ?
— On y va franco avec Vanderhoff. Il s’est quand même un peu foutu de nous.
— Quand Rockiaa [ndlr : le précédent producteur de Super5] nous a lâché à Vanderhoff, on nous avait assuré qu’on ne verrait pas la différence, qu’on aurait ce qu’il nous faut pour faire du Rock et pas de confettis inutiles en plus. Puis Vanderhoff a commencé à nous lourder avec son business.
— Tu te souviens quand il a débarqué dans le studio : « les gars, vous allez être jury de la Star Ac’ ! Délire, non ? » ?
— Oh le nazbrok ! … C’est les flics derrière, non ?
— Nan, il y aurait la sirène si c’était eux.

Venons-en au gros dossier que tout le monde attend : le documentaire sur Wattstock 2007. Les infos fuitent au compte-goutte mais on ne sait finalement pas grand chose. Du nouveau? Une date ?
— Je ne vois pas de quoi vous parlez… huhu. Ouais, en effet, on a longtemps tenu la bride sur ce projet. Mais on va bientôt pouvoir le libérer.
— La petite histoire, c’est qu’un jour un mec – un ponte de l’histoire du Métal – est venu nous voir. Il avait l’air d’avoir la chiasse ou un truc. En fait, c’était juste qu’il était fan de la première heure. Il nous a dit : « je voudrais savoir si vous accepteriez que je vous suive pendant quelques temps pour faire un docu sur vous et le Rock. » Nous, ça nous changeait pas des masses parce que quand on est en tournée, il y a une bonne trentaine de personnes dans l’équipe, alors un de plus ou de moins.
Il nous filmait tout le temps : pendant les répètes, aux concerts, sous la douche (enfin ça c’est plus toi [se tournant vers Super5]). Il a bien fait ça pendant six mois.
— Ouais six mois, le temps de la tournée au Moyen-Orient.
— Et puis on est rentré au bercail, et là, il a dit « les gars, j’ai ce qu’il me faut, je vais monter tout ça. » Il était pas parti depuis 20 minutes qu’on ressentait déjà le vide. En plus c’était un retour de tournée, c’est toujours la misère. On a plus rien à foutre de la journée. Du coup, on a commencé à construire un trampoline avec des tromb…
— ‘tain ! Tu peux pas faire court toi quand tu démarres une histoire !?! Tu vas raconter ta classe de neige après ? Bref, ce mec, on l’a rappelé pour nous filer un coup de main sur le docu Wattstock 2007.

Mais c’était il y a deux ans !
— C’est vrai que ça prend des plombes. Parce qu’il veut interviewer des cadors du métier et faire un truc de déglingo.
— Il a commencé le montage il y a trois semaines. On a vu des extraits, ce mec déchire totalement.
— On ne peut pas trop donner de date. Mais disons que ce sera avant le 21 décembre 2012.

D’ici là, d’autres projets ?
— On a un barbecue ce week-end et un concert à Libreville au stade Omar Bongo jeudi prochain.
— Faut que t’appelles SlashMoi aussi.
— Ah ouais.
[une sirène de police nous invite à nous rabattre]
— T’as ta ceinture derrière ? ‘tain ! Le magasin ferme dans vingt minutes. Ce serait trop con.
— Vas-y, fonce, on a une bonne raison.

Deux de vos fans ont publié une bédé sur Super5. Vous l’avez lue ?
— La vache, ouais ! Ces gars sont chelous. Où qu’on soit, ils sont là. À un moment, on a flippé que ce soit des maniacs. Ils récupéraient nos cannettes vides et les serviettes en papiers qu’on utilisait.
Au final, ils sont juste un peu schizos. Alors, franchement, si ça peut leur faire plaiz, pas de problème.
— D’autant que, mis à part deux trois trucs bidons dans la bédé, ils se sont bien renseignés.

Il arrive que l’on vous compare à des dieux. Franchement, comment on gère une pression pareille ?
— Le thé à la menthe marche plutôt bien.
— ‘tention, dos d’âne.
[la voiture fait un saut en longueur d’environ 25 mètres]

Revenons un peu aux bases : Super5, comment vous êtes vous rencontrés ?
— Ouhala c’est chaud. En fait, il avait tenté de m’entuber…
— Mais naann, tout de suite. Disons qu’au début on se connaissait pas à mort…
— …donc tu as tenté de m’entuber.
— Belek !
[ils se disputent en hébreux]
— Enfin bref. Deux jours de garde à vue dans une prison turque, ça crée des liens.

Passons à la question SMS des lecteurs de RockGod. Elle a été envoyée par Frédéric M. de Thaïlande : « À propos de cette histoire avec Marilyn Manson, que s’est-il vraiment passé ce soir là ? »
[le sourire jusqu’aux oreilles, se tournant les bras croisés vers Super5, lui-même au bord du fou rire] …disons que… maintenant, je sais que Marilyn porte un dentier. [éclat de rire commun]

Bon, la dernière pour la route : les gars, un sphincter ça dit quoi?
— …feur ?
— No you !
[nous approchons du Cassels Music Store]
— Le bâtard, il ferme le rideau de la boutique !
— Empêche-le !
— Qu’est-ce que tu veux que je fasse ?!!!
— Fonce dedans, j’sais pas !

Et bien merci Super5. Un mot pour finir ?
— Attention les enfants : dites non à la drogue et ne commencez jamais à picoler !
— Et aussi, restez vierges jusqu’au mariage….
— C’est bon si on te dépose ici ?